MEIO AMBIENTE
Les Echos (França) – Clima : le clivage Nord-Sud resurgit à Bonn
La
23 e Conférence des Nations unies sur le climat entame sa deuxième
semaine dans une ambiance assez tendue. Les pays en développement
demandent aux pays développés de tenir les engagements prévus pour 2020.
Quand s'appliquera pleinement l'Accord de Paris.
Avant
que l'Accord de Paris n'entre en vigueur, deux années vont s'écouler
pendant lesquelles il n'est pas question de rester inerte. Les
délégations des pays en développement l'ont fermement rappelé à Bonn où
se tient depuis le 6 novembre la 23e Conférence des Nations unies sur le
climat. Une COP sous présidence fidjienne dont la première semaine se
sera un peu trop focalisée à leur goût sur les règles d'application de
l'accord historique conclu le 12 décembre 2015 par 197 pays.
Même
si le temps presse pour caler ce « mode d'emploi » - il doit être
impérativement fixé dans un an, à la COP 24 de Katowice (Pologne) -, les
pays du Sud ont exhorté ceux du Nord au respect d'autres objectifs,
essentiels à leurs yeux, compte tenu de l'urgence climatique qui frappe à
leur porte. Ces objectifs sont ceux de la seconde période (2013-2020)
du protocole de Kyoto de 1997 sur la réduction des émissions de gaz à
effet de serre (GES) applicables aux seuls pays développés.
Un
sujet sur lequel cette COP a été soupçonnée, jeudi, de faire l'impasse
par les représentants du Like-Minded Developping Countries (LMDC), un
groupe de 25 pays emmenés par la Chine et l'Inde. Ils déplorent
d'importants écarts entre l'engagement pris en 2012 à la COP 18 de Doha
(Qatar) par les pays développés de renforcer leur plan climatique avant
2020 et sa traduction concrète. « Nous ne voyons guère de progrès », a
regretté le délégué chinois Chen Zhihu. « Il y a un manque. Et pas
uniquement sur les actions mais aussi sur le soutien » aux pays en
développement. « Si nous ne respectons pas les décisions prises, comment
construire la confiance, et comment donner une bonne base à
l'application de l'Accord de Paris ? » a-t-il interrogé.
Ne pas « raviver de vieilles disputes »
Le
groupe LMDC a demandé que cette question, qui inclut la question des
100 milliards de dollars annuels promis au pays pauvres à partir de
2020, soit inscrite à l'agenda de la COP 23. Ce qui est revenu à
alourdir le climat jusqu'alors plutôt serein de cette conférence.
L'initiative a été assez mal prise par les Européens. Un représentant du
ministère de l'Environnement allemand a déclaré y voir des « signes
inquiétants » de nature à « raviver de vieilles disputes dans les
négociations actuelles ». Cette réaction s'explique par le fait que la
réclamation du groupe LMDC visait l'UE qui n'a toujours pas ratifié la
seconde période du protocole de Kyoto .
«
Tout cela peut nuire à l'esprit de la négociation. C'est le Nord contre
le Sud alors que l'Accord de Paris c'est le Nord avec le Sud »,
s'alarme Pierre Cannet, expert climat du WWF France. Mais d'estimer, en
même temps, que les pays industrialisés doivent « aller plus loin sur la
période pré-2020 ». Notamment les Etats membres de l'UE, laquelle aura
probablement dépassé ses objectifs d'ici à deux ans.
L'annonce
par l'Allemagne d'un versement de 50 millions de dollars au Fonds
d'adaptation aux changements climatiques des Nations unies a été reçue
comme un geste positif. Mais suffira-t-il à désamorcer la controverse de
la semaine écoulée ? Les ONG, qui aimeraient voir la France envoyer le
même type de signal, redoutent qu'elle ne devienne un sujet de débat
pour les ministres attendus dans les prochains jours à Bonn. Le volet
politique de la COP démarre en effet mercredi en présence d'Angela
Merkel, d'Emmanuel Macron et de chefs d'Etats africains.
Joël Cossardeaux
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