Les Echos (França) – EDF met les bouchées doubles dans les énergies vertes au Brésil
L'électricien
français vient de mettre en service 350 MW de capacités dans un pays,
qui tente de rattraper son retard en matière d'énergies vertes.
Un
parc solaire au lieu d'un élevage de bovins. C'est le type de paysage
qui est en train de prendre forme, à 300 kilomètres de Belo Horizonte,
aux franges du Nordeste. C'est là, au Brésil, qu'EDF Energies Nouvelles
installe le plus grand parc solaire d'Amérique latine qui s'étend sur
800 hectares. 350 MW de capacités, sur un total de 400 MW, ont déjà été
mises en service. « Le Brésil va correspondre à 5 % de notre capacité
installée mondiale, mais c'est appelé à grossir », assure Bruno Fyot,
directeur général délégué d'EDF EN.
De
fait, le marché brésilien est en plein développement et le groupe
français n'y a que tardivement pris position à travers une série
d'acquisitions de projets. Dans l'éolien tout d'abord, à Bahia (Nordeste
du Brésil) avec un portefeuille de 800 MW cédé par Sowitec début 2015
(dont 66 MW déjà opérationnels), puis dans le solaire avec l'acquisition
de 80 % des parts du fabricant de panneaux, Canadian Solar, dans le
projet de Pirapora. La firme, qui reste associée à hauteur de 20 %, a
fourni un million de panneaux fabriqués au Brésil pour équiper le parc.
«
Ce projet est l'un des premiers du genre et l'un des plus importants en
Amérique latine. Cela prouve que le Brésil parvient à attirer des
investisseurs de première rang », souligne Gaétan Quintard, en charge du
financement de projets chez BNP Paribas, à São Paulo.
Un développement rapide
Après
avoir investi 525 millions d'euros dans le solaire au Brésil, EDF
Energies Nouvelles ambitionne désormais de constituer un portefeuille de
1 GW d'ici à deux ou quatre ans. « Le développement est rapide. On
n'avait rien au Brésil il y a trois ans. Aujourd'hui, on a 600 MW en
portefeuille », souligne Bruno Fyot.
Dans
le solaire, qui ne correspond qu'à 0,2 % de la génération actuelle
d'électricité au Brésil, tout reste à faire. « Le Brésil a quinze ans de
retard sur le reste du monde en matière d'énergie solaire, explique
Rodrigo Sauaia, président de l'Association brésilienne d'énergie solaire
(Absolar). Et au Brésil même, le solaire a dix ans de retard sur
l'éolien ! ».
De
fait, l'énergie éolienne fournit déjà 8 % de l'électricité au Brésil et
demeure moins chère que le photovoltaïque. Toutefois, l'écart est en
train de se réduire. « Le photovoltaïque accélère, assure Bruno Fyot.
Jusqu'à maintenant, l'éolien était beaucoup plus compétitif. Mais le
prix du photovoltaïque baisse plus rapidement que celui de l'éolien ».
Des enchères du gouvernement
Le
prochain rendez-vous, c'est le mois prochain avec les enchères promues
par le gouvernement brésilien pour augmenter la capacité de production
d'énergie (une pour le solaire, deux pour l'éolien). EDF Energies
Nouvelles fourbit déjà ses armes. Seule incertitude : la banque publique
de développement (BNDES), qui a jusque-là financé plus de la moitié des
investissements du groupe dans le solaire au Brésil à des taux
bonifiés, pourrait revoir sa politique.
Cette
nouvelle stratégie, qui risque de renchérir les conditions de
financement, doit être dévoilée par le gouvernement, un mois avant les
enchères. Mais ces incertitudes ne sont pas de nature à couper l'appétit
de Bruno Fyot. « Nous ajusterons nos propositions de prix au regard des
modes de financement. Les règles sont les mêmes pour tous, donc ça ne
trouble pas le jeu de la concurrence », dit-il. Résultat des courses le
18 décembre prochain.
Thierry Ogier
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