Libération (França) – Dans les autres grandes économies, on décarbone
Conscientes du coût écologique et sanitaire du charbon, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud jouent la reconversion, avec plus ou moins de réussite.
En voulant remettre le charbon sur les rails, les Etats-Unis vont à contre-courant de la tendance mondiale. D’autant que le coût de cette énergie fossile ultra polluante, qui représente 37% de la production électrique dans le monde, a gonflé de 21% par an depuis trois ans. De nombreux pays ont entamé leur transition énergétique. Passage en revue.
La Chine remonte la pente
Premier producteur de charbon, la Chine est aussi le premier pollueur au monde. Et elle en a payé le prix fort. L’air des grandes villes y est devenu irrespirable. Pendant quatre mois l’hiver dernier, chantiers et usines ont été fermés ou fortement ralentis autour de Pékin. Mais la Chine est aussi en passe «de remporter la guerre contre la pollution», estime une étude de l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago. Selon elle, le taux de particules fines dans l’air aurait baissé de 32% entre 2013 et 2017. Pour en arriver là, le gouvernement chinois a fait fermer des milliers d’usines considérées trop proches de ses centres-villes et interdit le chauffage au charbon dans le nord du pays. En 2018, le numéro 1 mondial des énergies renouvelables espère réduire sa capacité de production de charbon de 150 millions de tonnes. Du coup,si la production électrique chinoise augmente de 7% par an, la part d’énergie fossile est passée de 83% en 2007 à 64% en 2017, et pourrait tomber à 58% en 2020, rappelle l’Institut français des relations internationales, dans un rapport publié en mai. Mieux que le Japon ou l’Australie.
L’Inde mise sur le solaire
Avec 471 mines de charbon pour alimenter le pays en énergie à hauteur de 76%, l’Inde est dépendante de son or noir, dont elle est le 2e producteur mondial. Le 3e émetteur mondial de CO2 a pourtant promis de réduire de 35% ses émissions et de porter sa part d’énergies renouvelables à 40% d’ici 2030. New Delhi a misé sur le solaire, une ressource dont l’Inde ne manque pas, et dont elle espère multiplier par 25 la production avant 2022. L’aéroport international de Cochin, dans le sud du pays, est ainsi devenu le premier aéroport alimenté par panneaux solaires, tandis que des centaines de fermes photovoltaïques ont vu le jour dans tout le pays. Des efforts encourageants, mais encore insuffisants. En 2016, l’Inde enregistrait une hausse de ses émissions de gaz à effet de serre de 4,7%.
L’Afrique du Sud reste tiraillée
Véritable usine à charbon du continent, l’Afrique du Sud en est aussi le 7e producteur mondial. Elle en est dépendante à 80% pour sa production électrique, pour seulement 7% d’énergies renouvelables. Conscient de ses faiblesses, le gouvernement sud-africain s’est donc engagé à réduire ses émissions de CO2 de plus de 40% d’ici 2025. Mais Ahmed Mokgopo, de l’ONG environnementale 350.org, reste sceptique : «Il est prévu de démanteler certaines centrales électriques dans les années 2020 mais aucune usine n’a encore été fermée», affirme-t-il. Reste que le gouvernement a annoncé lundi qu’il allait geler toute nouvelle construction de centrale nucléaire, et qu’il entendait porter à 36% sa part d’énergies renouvelables (15% d’éolien, 11% de solaire et 10% d’hydroélectrique) dans son mix énergétique d’ici 2030. Une révolution.
Par Caroline Vinet
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