Engagé à baisser ses émissions de gaz à effets de serre de 43 % d’ici à 2030, le pays a lancé un ambitieux plan pour une agriculture « bas carbone ».
Aglaé de Chalus, correspondante à Rio de Janeiro
Dans le centre-ouest du Brésil, un producteur alterne l’élevage de bovins pendant la période sèche et la culture de légumineuses l’été sur une parcelle où ont aussi été plantés des eucalyptus, qui généreront des revenus à la coupe. Les arbres enrichissent la terre, captent les émissions de gaz émis par les bovins et leur offrent des zones ombragées. Les matières organiques des bovins permettent eux de nourrir les sols et de retenir les nutriments dans la terre.
Au Brésil, cette technique d’Intégration Culture-Élevage-Forêt (ILPF) développée en 2005 par l’Institut brésilien de recherches agricoles (Embrapa) a déjà été appliquée sur 11,5 millions d’hectares en une dizaine d’années, boostée notamment par l’adoption en 2009 du plan « Agriculture Bas Carbone » (Plan ABC).
Aujourd’hui, le Brésil mise sur l’intégration productive
Champion de l’agriculture intensive et de la monoculture, le Brésil a entamé une révolution. Face aux premiers effets du changement climatique – aridité accentuée dans le nord-est, pluies intenses… – le gouvernement, en partenariat avec l’Embrapa, a changé sa stratégie: « Après l’intensification productiviste des années 1990-2000, nous nous focalisons aujourd’hui sur l’intégration productive », explique le chercheur Celso Manzatto, responsable technique de la plate-forme de contrôle du Plan ABC, qui apporte une aide aux agriculteurs. Le but: réduire d’ici à 2030 les émissions de gaz à effet de serre de quasi 300 millions de tonnes équivalent CO2, soit près de 13 % des émissions totales du Brésil en 2016.
Récupération de pâturages dégradés, augmentation de la productivité des terres, reforestation, traitement des déchets des animaux, expansion du système d’ILPF… Toutes ces techniques bas carbone seront appliquées avant 2030 sur 55,5 millions d’hectares de terres agricoles au Brésil. « C’est un effort gigantesque, assure le chercheur de l’Embrapa, et un vrai tournant vers une agriculture durable. »
Si les résultats sont encourageants, ajoute-t-il, le programme présente toutefois des lacunes. Des 5,3 milliards d’euros débloqués pour le plan ABC de 2010 à 2016, seuls 3,6 milliards ont ainsi réellement été utilisés, en raison de taux d’intérêt des crédits pas assez attractifs et de formalités bureaucratiques pour les obtenir décourageantes…
En outre, aucune instance de contrôle ne peut mesurer précisément les vrais effets du plan. « Nous espérons mettre en place une structure efficace d’ici à l’an prochain », promet Celso Manzatto. En attendant, le Brésil reste loin de ses objectifs. En 2016, les émissions de gaz à effet de serre y ont augmenté de 12,6 %. Principalement à cause du secteur agricole.
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