segunda-feira, 16 de julho de 2018

Le Figaro (França) – Nouveau coup de chaud pour la planète

Le Figaro (França) – Nouveau coup de chaud pour la planète


Des records de température ont été battus depuis un mois dans l’hémisphère Nord. Les vagues de chaleur sont plus fréquentes.
MARC CHERKI

EN HIVER comme en été, la nuit comme le jour, la température de l’air est de plus en plus élevée. Un réchauffement de la planète avec des vagues de chaleur de plus en plus durables qui est confirmé par les météorologues et les climatologues. Les conséquences de ces coups de chaud sont parfois tragiques, comme le prouve le bilan d’au moins 70 morts annoncé par les autorités sanitaires du Québec, en début de semaine, dont la moitié des décès ont été enregistrés à Montréal (Canada) .

Plus grave, cette hausse du thermomètre est constatée dans une large partie de l’hémisphère Nord depuis un mois. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) évoque ainsi « des températures extrêmes et inhabituelles » . De fait, le 28 juin dernier, la température minimale, la nuit, à Qurrayat, dans le sultanat d’Oman, a été de 42,6 °C. Même si les températures minimales extrêmes ne sont pas toutes enregistrées, l’OMM estime qu’il doit s’agir de la plus haute température jamais enregistrée pour une valeur nocturne. Plus près de nous, à Ouargla, dans le Sahara algérien, 51 °C ont été mesurés dans la journée du 5 juillet, un record historique en Algérie. Dans la vallée de la Mort, en Californie, on a noté 52 °C le 8 juillet, au-dessous du record de 56,7 °C de 1913. Le dôme de chaleur qui a couvert les deux tiers des États-Unis début juillet a également conduit à des pics de températures, notamment à Los Angeles et à Denver.

Ces records arrivent après un mois de juin chaud, le troisième plus élevé aux États-Unis en 124 ans, selon la NOAA, l’Administration américaine en charge des océans et de l’atmosphère. Comme en Europe, où juin a été le deuxième mois le plus chaud jamais enregistré. Des records sont ainsi tombés en Écosse, en Angleterre et en Géorgie. Et des alertes sont émises jusqu’au 16 juillet pour la Sibérie de l’Ouest, où la température pourrait dépasser les 30 °C pendant plus de cinq jours consécutifs. Enfin, des températures au-dessus de la moyenne sont attendues en Europe au moins jusqu’au 23 juillet . « Il y a un blocage anticyclonique durable sur le nord de l’Europe qui a débuté en mai », précise Cyrille Duchesne de la Chaîne Météo (1).

Dérèglement climatique
« Les périodes de canicule en été et de grande douceur en hiver sont déjà plus fréquentes qu’auparavant et vont devenir encore plus fréquentes, plus intenses et plus durables dans les prochaines décennies », prévient François Jobard, prévisionniste chez Météo-France. De fait, 2017 a été la deuxième année la plus chaude depuis le début des relevés, ex aequo avec 2015.

« Il y a peu de doute quant au rôle des activités humaines et de l’émission des gaz à effet de serre sur les vagues de chaleur actuelles », assène Robert Vautard, directeur de recherche CNRS au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de l’Institut Pierre-Simon Laplace. En prenant un peu de recul et « selon une étude qui est encore à la relecture, la vague de chaleur d’août 2017 dans les régions autour de la Méditerranée est probablement liée au dérèglement climatique. Car sans ce dérèglement, l’événement aurait dix fois moins de chance de se produire, selon nos modèles et nos simulations. Les températures avaient atteint des sommets, au-dessus des records précédents de l’été 2003 où l’anomalie de température était déjà de 3 °C », ajoute le chercheur.

Les activités humaines
Par ailleurs, les pluies torrentielles qui ont fait au moins 200 morts et 60 disparus au Japon, selon The Japan Times, seraient plus intenses également à cause du réchauffement climatique. « Dans un climat qui se réchauffe, il faut s’attendre à ce que les épisodes pluvieux soient plus violents. Car plus la température de l’atmosphère grimpe, plus la quantité d’eau qui peut être contenue dans l’air augmente », rappelle François Jobard de Météo-France. Il s’agit d’une vieille loi empirique de physique qui précise que 1 °C de hausse de la température augmente la quantité de vapeur d’eau de 7 % dans l’air. De ce fait, les orages violents sont plus intenses, mais pas forcément plus fréquents.

Il est difficile, en revanche, d’associer le nombre d’ouragans, comme le typhon Maria qui touche l’Asie du Sud-Est, au dérèglement climatique. Les ouragans sont surveillés seulement depuis une trentaine d’années. Cependant, en raison de récentes publications scientifiques qui étudient les ouragans, « je m’attends à ce que le prochain rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, NDLR), en 2021, commence à établir un lien », indique Robert Vautard. Bref, le climat semble bien déréglé et la responsabilité en incombe majoritairement aux activités humaines. « Même s’il n’est pas possible d’attribuer chaque événement extrême de juin et juillet au changement climatique, ils sont compatibles avec une tendance de long terme avec une hausse des concentrations de gaz à effet de serre », indique prudemment l’OMM. Et de rappeler que sur 131 études publiées de 2011 à 2016 dans le Bulletin de la société américaine de météorologie, 65 % d’entre elles ont trouvé que la probabilité d’un événement est significativement affectée par les activités humaines.

Outre ces records de chaleur et de pluie, il y a également des records de froid! Au moment où le Canada a eu très chaud au Québec, il a neigé autour de Terre-Neuve en été, pour la première fois depuis 36 ans. « C’est lié à la variabilité du climat. Il y aura d’autres records de froid qui seront battus. Mais en grossissant le trait, on peut estimer qu’il y a un record de froid battu pour dix records de chaleur qui sont tombés! »
  1. Société du groupe Le Figaro.

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