La Tribune (França) – Climat : les grands élus locaux montent au front
Après un été catastrophique sur le front du climat, dans le monde entier la société civile se mobilise pour le climat. Entre des citoyens motivés, mais parfois dispersés et des États plus ou moins allants sur le sujet, les élus locaux sont de plus en plus nombreux à afficher leurs ambitions et assumer leurs responsabilités.
Séquence mobilisation. Alors qu'en France la démission de Nicolas Hulot est encore dans toutes les têtes, la planète entre dans une phase de mobilisation inédite sur le climat. Près d'un millier d'événements ont ainsi été organisés samedi 8 septembre dans une centaine de pays, dans le cadre de l'appel baptisé «Rise for climate» («Debout pour le climat») lancé par l'ONG 350.org, qui milite de longue date pour l'abandon des énergies fossiles.
En France même, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris et dans plusieurs villes de province à l'appel d'un inconnu de 27 ans, Maxime Lelong. Cette mobilisation a largement dépassé le cercle habituel des militants écologistes. À Paris, ils étaient 18500 selon la police, 50.000 selon les organisateurs...
700 scientifiques français tirent la sonnette d'alarme
Après l'appel lancé la semaine dernière par 200 « people », et d'ailleurs moqué pour cette raison même, au motif que le mode de vie des signataires n'était guère compatible avec la société bas carbone qu'ils appelaient de leurs vœux, 700 scientifique français en appellent samedi dans Libération aux politiques pour qu'enfin ils passent «de l'incantation aux actes pour enfin se diriger vers une société sans carbone».
Alors que San Francisco, particulièrement à la pointe de l'innovation bas carbone, s'apprête à accueillir du 12 au 14 septembre prochain un Sommet du climat rassemblant la société civile, plusieurs élus locaux prennent la parole dans la presse. En France, c'est Anne Hidalgo qui rappelle dans un entretien au JDD que les États ne peuvent pas tout et souligne le rôle incontournable des villes. Elle évoque une étude intitulée "L'Opportunité climatique" que doit présenter à San Francisco la fondation Bloomberg Philanthropies et qui démontre les bénéfices sur l'environnement, la santé publique et l'activité économique de l'action des grandes villes contre le changement climatique.
La capitale française est l'une des villes qui visent le zéro carbone et le 100% énergies vertes à l'horizon 2050. À San Francisco, le gouverneur de Californie Jerry Brown devrait entériner cet objectif pour 2035.
Désinvestir des énergies fossiles
Au même moment, les maires de Londres (Sadiq Khan) et de New York (Bill de Blasio) appellent dans le Guardian les villes du monde entier à désinvestir du charbon. Ils annoncent la création d'une nouvelle initiative menée sous l'égide du C40, baptisée Cities Divest/Invest forum. Reconnaissant que la bascule vers une économie bas carbone exige de leur part 'agir aussi bien sur leurs transports que leur énergie ou leurs bâtiments, ils affichent aussi leur volonté d'exploiter leur pouvoir économique pour accélérer cette transition. Ce qui passe, notamment, par le désinvestissement institutionnel dans les énergies fossiles et l'investissement dans les technologies bas carbone telles que les énergies renouvelables.
Après des désinvestissements opérés dans l'année pour un montant de 800.000 £, notamment dans Shell et BP, seulement 2% des montants investis par le fonds de pension londonien (5,5 milliards de livres sous gestion) le sont encore dans des énergies fossiles.
À New York également le désinvestissement est en marche, et devrait être total dans les cinq ans, pour un montant de 5 milliards de dollars.
Sadi Kahn et Bill de Blasio reconnaissent que les choses ne sont pas évidentes pour les municipalités, dans la mesure où la plupart des portefeuilles détenus par les autorités publiques sont des fonds de pension sur lesquels les maires n'ont pas prise. Mais ils insistent sur l'efficacité d'une action à plusieurs, regroupant les autorités locales, les maires, les activistes et le secteur privé. Pour commencer, ils entendent montrer que les villes peuvent adresser un message fort à l'industrie fossile.
Agir sans attendre la COP24 de décembre en Pologne
Côté investissement, les deux villes ne sont pas en reste : Londres vient de lancer son « Fonds du maire pour l'efficacité énergétique », doté de 500 millions de livres, destiné à travailler avec le fonds européen de développement régional et le secteur privé pour accompagner les projets d'efficacité énergétique des hôpitaux, musées, bureaux, bibliothèques, logements sociaux et universités.
New York a multiplié par six sa capacité solaire installée depuis 2013, investi 2,7 milliards de dollars dans des projets d'efficacité énergétique et gère une flotte de 1.200 véhicules électriques.
Avant la COP24 qui regroupera de 2 au 14 décembre à Katovice (Pologne) les Etats signataires de l'accord de Paris, cette séquence de mobilisation de la société civile se poursuivra par la Climate Week qui aura lieu du 24 au 30 septembre à New York.
Dominique Pialot
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