Le Figaro (França) – La Chine, locomotive du nucléaire mondial
En 2017, l’électricité atomique a augmenté de 18 % dans l’empire du Milieu mais a reculé dans le reste du monde.
ARMELLE BOHINEUST
ÉNERGIE C’est avec un dossier délicat entre tous, le nucléaire, que le nouveau ministre de la Transition écologique entame son parcours. François de Rugy doit présenter fin octobre le projet de « programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) » favorisant la transition énergétique . Pour cela, il faut « sortir de la guerre de religion », a proposé le ministre écologiste dans Le Monde tout en affirmant que le nucléaire n’était plus une énergie d’avenir.
Les derniers rapports sur ce sujet sont loin de le contredire. Selon l’édition 2018 du World Nuclear Industry Status Report, depuis trois ans, si la production électrique nucléaire continue de croître dans le monde (+ 1% en 2017), c’est uniquement grâce à Pékin. En Chine, elle a ainsi progressé de 18 % l’an dernier.
Avec 41 réacteurs en service, c’est le troisième pays au monde en termes de centrales, derrière les États-Unis et la France. L’empire du Milieu est également le pays le plus actif pour les installations. En 2017, quatre réacteurs ont été mis en service dans le monde, trois en Chine et un au Pakistan, installé par les ingénieurs chinois, détaille Mycle Schneider, principal auteur du rapport. En 2018, sur les sept centrales déjà mises en service, cinq l’ont été en Chine et deux en Russie. « La Chine continue à dominer les développements du secteur nucléaire grâce à des décisions prises il y a des années », résume le consultant réputé antinucléaire mais dont l’expertise est reconnue. Et malgré un creux depuis 2016, les lancements de chantiers devraient reprendre, prévoit Mycle Schneider. La Chine est le seul pays à avoir investi depuis quinze ans dans tous les composants d’industrie nucléaire. À l’inverse, les États-Unis, qui ne savent pas construire de cuve, par exemple, n’ont pas cette capacité, note l’expert.
«La capacité de production électrique nucléaire risque de se réduire dans les prochaines décennies », a confirmé lundi le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Baisse de compétitivité
Cette industrie, qui comporte beaucoup de réacteurs vieillissants et promis à l’arrêt, fait face à une baisse de compétitivité qui pourrait se traduire par « une chute de plus de 10 % » du parc mondial de réacteurs d’ici à 2030, précise l’agence onusienne basée à Vienne.
Plusieurs pays, comme l’Allemagne et la Suisse, se désengagent peu à peu de l’atome, relève l’AIEA, qui pointe les difficultés de « déploiement » des nouvelles technologies de type EPR. Le secteur est aussi confronté au bas prix du gaz naturel et à « l’impact des énergies renouvelables sur les prix de l’électricité ».
Celles-ci, en particulier l’éolien (+ 17%) et le solaire (+ 35%), enregistrent une croissance très forte de leur production de courant, en 2017. « Dans 9 des 31 pays exploitants des centrales nucléaires (Allemagne, Brésil, Chine, Espagne, Inde, Japon, Mexique, Pays-Bas et Royaume-Uni), la production renouvelable, hors électricité hydraulique, dépasse le nucléaire », affirme le rapport World Nuclear Industry.
Pékin, qui mise à fond sur les énergies vertes, y a investi 126 milliards de dollars en 2017, soit trois fois plus que les États-Unis, deuxième investisseur dans les renouvelables. La France en revanche ne figure pas dans le top dix des pays investissant dans le renouvelable. Mais la part du nucléaire y est en baisse pour la quatrième année consécutive. Les centrales nucléaires de l’Hexagone ont produit 72 % de l’électricité en 2017, leur niveau le plus faible depuis trente ans.
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