Les Echos (França) – Le Fonds norvégien s'engage pour la préservation des océans
Le Fonds veut inciter les entreprises à se soucier de la biodiversité marine. il détaille ainsi ses attentes à l'égard des sociétés dans lesquelles il investit.
Nessim Aït-Kacimi
Le plus grand fonds souverain au monde, chargé de faire fructifier la manne pétrolière norvégienne, se soucie du développement durable des océans, menacés par une pollution croissante. « Le business model de nombre de sociétés de notre portefeuille dépend des océans, mais leurs activités sont aussi susceptibles d'avoir un impact négatif sur eux », explique le Fonds norvégien. « Ces entreprises sont susceptibles d'être affectées par la dégradation des océans. La poursuite de la dégradation des mers pourrait réduire leur capacité à générer de la valeur pour les investisseurs à long terme », ce qui pénalise la performance du fonds souverain. Les secteurs concernés sont très variés: l'économie « bleue » (pêche, transport maritime, industrie de l'aquaculture…) et les industries polluantes (plates-formes maritimes pétrolières et gazières, chimie…).
Le Fonds détaille ses attentes à l'égard des conseils d'administration des sociétés dans lesquelles il investit dans un document. Il veut éveiller les entreprises à une conscience écologique, et souhaite qu'elles agissent de manière raisonnable en veillant à respecter la propreté des océans et la biodiversité avant d'investir ou de lancer une nouvelle activité. Il réclame plus de transparence et d'informations sur leurs opérations polluantes et les nombreux risques associés. Il ne brandit toutefois pas encore la menace de sanctionner les sociétés non coopérantes en se retirant de leur capital.
3 % du PIB mondial
Les océans sont aussi une source d'opportunité et donc de rendement. Et le Fonds souverain veut soutenir les entreprises qui s'engagent en matière de gestion durable des mers. Un rapport de l'OCDE estimait récemment que l'économie des océans, regroupant tous les secteurs qui vivent de la mer, avait contribué à hauteur de 1.500 milliards de dollars à l'activité mondiale en 2010, soit près de 3 % du PIB mondial. Cette contribution devrait doubler d'ici à 2030 pour atteindre 3.000 milliards de dollars.
Le Fonds souverain norvégien s'intéressait depuis 2010 aux problématiques et enjeux liés à l'eau, mais pas encore aux océans. L'an dernier, il a évalué 600 entreprises sur ces enjeux. La moitié de celles-là n'ont pas fourni d'informations satisfaisantes sur la façon dont elles gèrent le « risque aquatique ». 38 % des sociétés des secteurs de la pêche et de l'agriculture ont fourni des informations sur la manière dont elles gèrent les risques liés à l'eau, et 68 % dans le secteur pétrolier et gazier. Le secteur de la pâte à papier a été particulièrement transparent sur sa gestion de cette ressource, qui va devenir plus rare et donc plus chère. Le Fonds a décerné des bons points à des entreprises comme Clariant, Danone, L'Oréal, Heineken ou Nestlé.
Les fonds du Pacifique particulièrement concernés
En février, le Sovereign Wealth Fund Institute, le forum des fonds souverains, avait organisé une conférence sur le thème « Océans, côtes, îles », en partenariat avec le Conseil mondial des océans. La pollution des mers et ses conséquences néfastes sur le rendement des investisseurs de long terme que sont les fonds souverains sont un sujet de préoccupation croissante. Un des premiers fonds souverains au monde, celui des îles Kiribati, lancé en 1956, est directement concerné par le risque océanique : la montée du niveau des eaux menace l'existence même de cet atoll du Pacifique.
Particulièrement dépendants des ressources maritimes, d'autres petits pays de la zone Pacifique (Timor oriental, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Marshall, Micronésie…) disposent de leur fonds souverain. Les autres grands fonds pétroliers du Golfe n'ont pas encore manifesté publiquement leurs engagements pour des océans durablement propres.
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